Janvier 2023
Il y a un peu plus d'an, alors que j'étais dans ma dernière année d'études, je décidais de transformer un de mes plus grands rêves en un projet concret : celui de vivre une vie nomade. Aujourd'hui je suis diplômée de mon master en communication et je parcours les routes du monde seule avec mon sac à dos, ma curiosité débordante et ma folie vagabonde. Je vous raconte mon histoire à travers ce journal.
Un projet né d'une longue réflexion
Ce projet, il est né d'une observation. J'ai passé ma vie à observer toutes ces personnes autour de moi. Ces personnes qui inconsciemment, ont joué un rôle majeur dans cette réflexion. Alors merci à mes parents, mes amis, ma sœur, ma grand-mère, mes cousins, mes camarades, mes collègues, mes professeurs, merci à ces inconnus du métro que j’ai croisés chaque matin. Que vous m'ayez encouragée volontairement ou non, vous m'avez tous donné des clés pour prendre cette décision.
Autant vous dire qu’en un an, j’ai eu le loisir de me poser toutes sortes de questions autour du nomadisme : sécurité, relations, peur de la solitude, difficultés administratives, minimalisme, santé et j’en passe…. Durant tout ce temps de préparation, j’ai eu des périodes d’excitation, de doutes, d’espoir et de remise en question. Malgré tout, je n’ai pas perdu mon objectif de vue. J'avais la profonde conviction que si je ne saisissais pas cette opportunité à ce moment de ma vie, je le regretterai un jour ou l'autre.
À travers ce projet, je ne cherchais pas à faire une année sabbatique façon tour du monde, je cherchais à changer de style de vie. Un mode de vie qui me procurerait la liberté de mouvement mais qui me contraindrait à me ré-adaptater sans cesse à un nouvel environnement. Alors que se passera-t-il si j’en ai marre au bout de six mois, si je découvre que, finalement, cette vie n’est pas faite pour moi ? Et bien je rentrerai, sans regret, sans frustration. C’est aussi ça la liberté d’être nomade, être chez soi partout.
Mes trois premiers mois de voyage en Amérique du Sud
Et voilà qu'aujourd'hui j'y suis, 100 jours se sont déjà écoulés depuis mon envol de l'Alsace ! C'était le 11 octobre dernier et je me souviens de cette journée comme si c'était hier.
Le nez collé au hublot de l'avion, j'admirais le paysage de ces terres inconnues qui défilaient en contrebas. Je survolais la Cordillère des Andes, ces montagnes qui m'avaient tant fait rêver. Les roues de l'avion touchaient enfin le tarmac et les applaudissements des passagers retentissaient dans mes oreilles comme le son d'un nouveau départ. L'Amérique du Sud m'ouvrait ces portes. Je fus soudainement envahie par différentes émotions ; je me sentais excitée, heureuse, émue et surtout libre.
Les portes de l'avion s'ouvrèrent et je passai à travers cette foule de visages souriants attendant tous une visite heureuse. L'idée que personne ne m'attendrait dorénavant me traversa l'esprit et une vague d'anxiété envahit mon corps. Vais-je regretter d'avoir laissé tous mes repères derrière moi ? Partir seule à la conquête de contrées lointaines me rendra-t-il heureuse ?
Autant de questions auxquelles j'ai commencé à avoir des réponses lors de ces trois derniers mois passés à la découverte du continent sud-américain. Un mois et demi au Pérou, trois semaines en Bolivie, deux semaines au Chili et un mois en Argentine... et que d'aventures surprenantes !
Alors oui, j'ai un peu tardé à commencer ce journal de bord puisque je me suis entièrement plongée dans ce périple sans trop savoir comment l'aborder... Les kilomètres ont commencé à défiler du Pérou jusqu'en Argentine et avec eux les rencontres se sont enchaînées, les auberges de jeunesse sont devenues mon "chez moi" et je n'ai cessé de vivre de nouvelles aventures au quotidien.
Il faut dire que ma vie a changé du tout au tout. Un jour j'étais cette étudiante qui menait sa vie de strasbourgeoise banale et le lendemain j'étais cette vagabonde sur les routes du monde. Il m'a fallu repartir de zéro, oublier la routine, les obligations du travail, les journées planifiées et accueillir un futur incertain à bras ouverts. C'est un mode de vie dont je rêvais certes, mais cela n'empêche qu'il reste difficile de s'y faire après avoir vécu une vie où l'imprévu n'avait jusqu'à présent pas sa place. J'ai toujours suivi une ligne directrice selon laquelle je savais me projeter plus ou moins précisément. Aujourd'hui, je ne pourrais même pas vous dire où je serai après-demain... Adieu la stabilité, et bonjour l'adrénaline !
Sans compter le choc culturel ! Qui dit nouveau continent dit nouvelles habitudes... C'est ainsi que j'ai pris goût à manger dans les marchés, à écouter la musique latine émise par d'énormes enceintes dans presque tous les lieux publics, à jeter le papier toilette dans la poubelle, à garder patience lorsque le bus arrive avec quelques heures de retard, à filtrer l'eau du robinet, à m'empiler dans les collectivos comme dans une boîte de sardines, à recevoir trois réponses différentes lorsque je demande une information à plusieurs personnes, à passer des plombes pour traverser une frontière qu'on franchirait sans même s'arrêter en Europe, à rouler de longues heures sur des pistes non-goudronnées et à être secouée par tous les nids de poule. Mais comme on me l'a si bien dit un jour : l'Amérique du Sud, tu l'aimes ou tu la quittes ! Cette phrase prend tout son sens une fois sur place. Pour ma part, je suis tombée sous le charme...
Ma plus grosse galère ? Me réveiller un matin après une soirée à Cusco sans ma carte bancaire (ma seule et unique carte évidemment, sinon c'est pas drôle).
Ma plus grande fierté ? Avoir gravi les 6 000 mètres d'altitude lors de mon ascension du Huayna Potosí, en Bolivie.
La rencontre qui m'a le plus inspirée ? Ce jeune allemand de 18 ans handicapé physique qui a décidé de parcourir le monde seul après le lycée.
Le paysage qui m'a le plus ému ? Le panorama sur le champ de glace en arrivant au Paso del Viento lors d'un trek en Patagonie.
Mon plus grand regret ? Ne pas avoir eu le temps d'explorer le Nord de l'Argentine... mais ce sera une raison de plus pour revenir !
Mon meilleur souvenir ? Grimper sur les dunes de sable pieds nus pour regarder le coucher de soleil dans le désert d'Ica au Pérou.
Mes plus belles rencontres ?
Saira, cette jeune hollandaise qui a quitté son job pour voyager 8 mois en Amérique latine. C'est aussi la première personne de ce voyage avec qui j'ai tissé de vrais liens puisque l'on s'est rencontrés dès mon arrivée à Cusco et avons partagé de nombreuses journées et soirées !
Toute l'équipe de voyageurs avec qui j'ai partagé l'expérience du trek du Salkantay jusqu'au Machu Picchu avec qui on a rigolé du début à la fin.
Mantas, ce voyageur venu de Lituanie pour parcourir l'Amérique Sud pendant plusieurs mois. On s'est rencontrés dans la jungle Amazonienne en Bolivie, avons traversé le désert d'Uyuni en 4x4 et avons gravi les montagnes de Patagonie ensemble !
Ma plus grande déception ? Sans doute le Parc National de Torres del Paine qui n'est pas du tout adapté aux backpackers. Les transports en commun ne desservent pas bien le parc, les campings doivent se réserver 6 mois à l'avance et les prix sont exorbitants. Mais les paysages sont tout se même magnifiques.
Mon plus gros kiff ? Les nombreux treks que j'ai effectués dans la Cordillère des Andes, du Pérou jusqu'en Patagonie, et qui m'ont carrément époustouflée.
Et maintenant, on va où ?
C'est le coeur serré que je m'apprête à quitter l'Amérique du Sud aujourd'hui, après avoir arpenté les merveilles de ce continent pendant plus de 100 jours. Mais de nouvelles aventures m'attendent ailleurs, et avec elles un colis très spécial venu tout droit d'Alsace... Je vous en dis plus très bientôt !
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