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JOURNAL DE BORD : UNE ANNÉE DE VOYAGE EN SOLO - MON RESSENTI



Octobre 2023


Ce n'est certainement pas la plus belle photo que j'ai prise durant mon voyage, mais je l'ai choisie pour illustrer cet article car je la trouve forte de sens. En la regardant, je revois mes soirées en auberge de jeunesse et le manque d'intimité qui va avec. Je revois aussi la fatigue sur mon visage causée par une longue journée à trimballer mon sac à dos à travers les villes d'un pays.


Est-ce que je regrette d'être partie de mon pays pour vivre mes rêves ? Qu'est-ce que je ressens en voyageant seule ? Où est-ce que j'en suis aujourd'hui dans mon périple ? Ai-je encore l'envie de continuer ?



10 octobre 2023 - Un an après mon départ

Ce soir je n'ai pas de réseau, je suis parquée au bord d'un lac, au fin fond d'une piste forestière quelque part au Canada. Le coin a l'air sauvage, propice à la présence de grizzlys. Je garde un oeil sur la rive tout en étant installée sur mon matelas à l'arrière de mon véhicule. Je me réchauffe deux parts de pizzas et je mange sur mon lit, accompagnée de mes pensées et de Dumpy, mon petit singe. Il ne me quitte plus depuis que Joe est parti. Son départ a laissé un vide et je commence à me fatiguer de ces au-revoir incessants qui ne laissent pas de place à des relations plus profondes.


Voilà plus d'un an que je suis partie de chez moi, pleine d'ambition avec mon sac et ma tente sur le dos. J'en ai parcouru des kilomètres depuis mon départ ; d'Ushuaïa en Argentine jusq'aux Grandes Rocheuses du Canada. J'ai vu et j'ai vécu l'Amérique. J'ai comme l'impression de m'être apprivoisée ce continent. J'ai appris à l'aimer sous toutes ses formes. J'ai dégusté les saveurs de la cuisine caribéenne, j'ai défié les sommets des Andes, j'ai cultivé mes connaissances sur les peuples indigènes de ses pays, j'ai adopté les expressions hispaniques de l'Amérique latine, je me suis laissée entraînée par les rythmes du reggaeton sur les plages de l'Amérique centrale, j'ai découvert la folie d'Hollywood, j'ai appris à vivre au coeur des montagnes canadiennes et à progresser au coeur de la jungle Amazonienne avec une machette à la main.


Mettre des mots sur ce que je ressens face à ce que j'ai vécu durant cette première année est un exercice difficile, mais important pour moi. Je souhaite partager mon ressenti avec ceux qui rêvent d'aventures, ceux qui ont vécu quelque chose de similaire et ceux qui n'ont pas encore osé sauter le pas. Je souhaite me remémorer chaque instant de ce périple ; ceux où je me suis sentie si privilégiée mais aussi ceux où je me suis maudie d'avoir pris la décision de partir. C'est souvent lors de ces derniers que j'ai appris le plus.



La solitude au cours de mon voyage


Petit à petit, j'apprends à apprécier la solitude. Malgré les innombrables rencontres qui s'enchaînent au fil des pays, peu sont celles qui me procurent la sensation d'être entourée. Ne vous méprenez pas, j'ai apprécié chacun de ces moments de partage avec autrui. Je me souviens de ce verre partagé avec un ancien vétéran dans un pub au Canada, de cette main tendue par un Dominicain lorsque j'étais en galère au Pérou ou encore de ce gamin avec qui j'ai travaillé et qui m'a touchée par son histoire au Costa Rica. Malheureusement, ces rencontres engendrées par le voyage, aussi fortes soient-elles, sont bien trop souvent suivies d'au-revoir, ironiquement eux aussi engendrées par le voyage lui-même. Il m'est tout de même arrivé de créer de belles amitiés sur mon chemin, souvent avec d'autres backpackeurs avec qui j'ai partagé la même vision du voyage et que je recroiserai au fil du chemin.


Pour la première fois depuis mon départ, je ressens aujourd'hui l'envie de rendre visite à ma famille et mes amis restés en France, de repasser du temps chez moi. Tout au long de mon périple j'ai eu la chance d'avoir la visite de plusieurs de mes proches. Ce fût des moments magiques qui m'ont fait beaucoup de bien. Parfois, il m'arrive de remettre en question mes choix en pensant à tous les moments que je rate avec eux au quotidien. Je me remémore alors la frustration que je ressentais en ayant les pieds liés dans un quotidien bien ancré, et je me souviens aussitôt que mon bonheur se trouve sur la route.



Un PVT au Canada


En juin dernier, après huit mois passés sur les routes d'Amérique, je suis arrivée au Canada avec un permis vacances-travail. Dès mon arrivée, j'ai investi dans un van aménagé avec l'objectif de vivre dedans et de découvrir le pays de cette manière. Durant les hautes saisons touristiques, je postule pour des jobs saisonniers qui m'intéressent dans lesquels je n'ai encore aucune expérience. Cela me permet d'apprendre de nouveaux métiers et de découvrir différents endroits au Canada. Mon premier été passé ici dans les montagnes de l'Ouest a été une réussite. J'ai travaillé pour un lodge touristique au bord du lac Chaunigan, où j'étais en charge de faire des réparations, de la maintenance, du jardinage et du ménage. Cette expérience m'a beaucoup plu, je compte donc rester encore quelques saisons au Canada ...

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