Roadtrip en famille sous le soleil de minuit dans le nord de la Norvège
- Bianca Vagabonde
- 25 juin
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 juil.

Sommaire
Les premiers jours à la ferme près de Tromsø
Balade à vélo sur la côte
Café matinal à Ersfjordbotn
Barbecue au soleil de minuit entourés de moutons
Cap vers les Lofoten : cartes postales vivantes
Village de Svolvær et traditions de la morue séchée
Henningsvær : rorbuer et stades au bord de l'eau
Hamnøy : mémoire des anciennes cabanes de pêche
Nusfjord : immersion historique entre cabanes et vieux commerce
Traversée des Lofoten vers l'île de Senja
Remontée de l’île d’Andøya
Traversée en ferry sur une mer agitée
Randonnée vers Hesten
Matinée à Bøstranda : une plage à l'eau turquoise
Arrêts panoramiques : plage d'Ersfjord, point de vue à Bergsbotn
Conclusion : Un séjour mémorable sous le soleil de minuit en Norvège
Cela fait des mois que je vis ici, entre les collines et les fjords du Nord de la Norvège, au rythme tranquille d’une ferme familiale bercée par les caprices de la météo arctique. J’ai appris à écouter le vent, à savourer les silences, à apprécier la lenteur. Le nord m’a apprivoisée, encore une fois. J’avais envie de leur en transmettre un peu. Et voilà qu’un jour de juin, j’ai vu mes parents et ma sœur débarquer à l'aéroport de Tromsø, tout sourire, un peu déboussolés par les 12 degrés de l'été arctique et la clarté sans fin. Notre roadtrip de deux semaines sous le soleil de minuit en Norvège pouvait alors commencer !
Tromsø, trois jours à la ferme
Nous avons commencé ce voyage tout près de chez moi, par trois jours tranquilles à la ferme où je vis, à une quinzaine de kilomètres de Tromsø. Mes parents ont découvert ce bout du monde qui m’est devenu familier : les montagnes encore à moitié enneigées, les moutons qui paissent autour de la maison, le rythme lent dicté par la lumière du jour qui ne faiblit jamais.

On partait à vélo le long de la côte, le vent dans les cheveux et la mer à portée de regard, croisant quelques chèvres de la ferme voisine sur la route. Le soir venu, on allumait le barbecue sous le soleil qui nous offrait sa plus belle lueur, installés dans l’herbe, entourés par les moutons curieux, une couverture sur les genoux et l’odeur du feu dans l’air.


Nous sommes allés jusqu’à Ersfjordbotn un matin, sur l'île de Kvaløya - île baleine - pour boire un café au bord de l’eau. Le fjord s’étirait tranquillement sous le ciel clair et la lumière douce du matin jouait sur les parois rocheuses. Quelques bateaux de pêche attendaient, amarrés dans le silence. Sur la route, nous avons croisé quelques rennes perdant leur fourrure hivernale.


À Tromsø, l’atmosphère était plus vive. Nous avons flâné sur le port, goûté aux moules fraîches vendues au comptoir, observé les allées et venues des bateaux d’excursion et les mouettes planant au-dessus des étals. L’ambiance était joyeuse, brassée de touristes et d’habitants, entre les terrasses pleines à midi et le sauna très convoité flottant au centre du port. La ville semblait elle aussi savourer l’été arctique.
Le dernier jour, nous avons roulé jusqu'à Sommarøy - l'île de l'été -, que je ne connaissais jusque là que sous son manteau d'hiver. Nous avons passé la journée à marcher sur ses belles plages à l'eau turquoise et à photographier ses maisons colorées posées sur les rochers. Une sensation étrange d’être à la fois au nord du monde et au bord du tropique.


Après ces premiers jours baignés dans l'été arctique, je voyais leurs yeux s’émerveiller, leurs visages se détendre. Le Nord faisait déjà son œuvre.
Cap sur les Lofoten : cartes postales vivantes
Puis le quatrième matin, sacs bouclés et playlist prête, nous avons pris la route vers les îles Lofoten à bord de notre voiture de location. Traverser ces paysages, c’est comme rouler à l’intérieur d’un rêve. Les fjords profonds, les pics acérés, les villages rouges accrochés au bord de l’eau… Tout semblait trop beau pour être vrai.

Au fil de nos trajets dans l’archipel, nous avons pris le temps de nous arrêter dans les villages de pêcheurs qui font le charme des Lofoten. À Svolvær, le plus animé, nous avons goûté au cabillaud séché sur le port, observé les bateaux rentrer à quai en fin d’après-midi, et longé les grandes structures de bois typiques de la région.
Ces sortes d’échafaudages, que l’on aperçoit partout dans l’archipel, sont en réalité des séchoirs à morue. Tête en bas, des rangées entières de poissons y sèchent lentement à l’air libre. Dans cet air salin et sec du nord se perpétue une tradition vieille de plusieurs siècles : celle du stockfisk, la morue séchée. Pêché en hiver, ce poisson est mis à sécher au printemps, puis exporté dans toute l’Europe et jusqu’en Afrique de l’Ouest. À Svolvær, cœur logistique de cette activité, l’odeur est forte mais familière, et les gestes des pêcheurs racontent une histoire ancienne. Ici, la morue n’est pas qu’un produit : elle est une part vivante du paysage et de la mémoire collective.

À quelques kilomètres de route, Henningsvær nous a offert un tout autre visage. Plus petit, plus calme, ce village posé sur un chapelet d’îlots reliés par des ponts étroits semble suspendu entre mer et ciel. Les rorbuer, ces anciennes cabanes de pêcheurs reconverties en hébergements, s’alignent le long des quais, les galeries d’art voisinent avec les séchoirs à morue, et l’on croise autant de pêcheurs que de jeunes à vélo. En grimpant sur les hauteurs, on aperçoit même le stade de foot le plus photogénique du monde, cerné par l’eau et les montagnes. Une parenthèse hors du temps, où tradition et modernité cohabitent en douceur.

À Nusfjord, village blotti au creux d’un fjord étroit, nous nous sommes promenés entre les pontons de bois, entourés de cabane rouges et jaunes sur pilotis, bercées par le clapotis de l’eau et le craquement du vieux bois. Le temps semble s’y être arrêté. Les petits commerces locaux, comme la boulangerie et le café, conservent leur charme d’antan, avec des intérieurs patinés, des objets d’époque et une atmosphère chaleureuse presque muséale. Autrefois, Nusfjord était l’un des villages de pêche les plus actifs de l’archipel, où les pêcheurs accostaient à la saison de la morue, vivant dans les rorbuer le long du quai. Aujourd’hui encore, le village garde la mémoire de cette époque dans ses murs, ses odeurs de bois et de sel, et la manière dont tout semble encore prêt à reprendre vie à la prochaine marée.

Plus loin sur la route, Hamnøy nous a offert un aperçu de la Norvège d’autrefois. Ce minuscule village, l’un des plus anciens établissements de pêche des Lofoten, a longtemps vécu au rythme de la mer et des campagnes de morue. Les rorbuer rouges, adossées à la roche, accueillaient autrefois les pêcheurs venus de tout le pays pour participer à la grande pêche hivernale. Aujourd’hui restaurées, elles gardent la mémoire d’un temps rude et fraternel, quand la survie dépendait des caprices de l’océan. S’y promener, c’est traverser un morceau vivant de l’histoire arctique.

Et enfin, à Å, dernier village de la route E10, on a poussé la porte du petit musée de la morue avant de s’asseoir face à l’océan, bercés par le vent et le ressac. Partout, les rorbuer, ces anciennes cabanes de pêcheurs reconverties en hébergements, coloraient les rivages de rouge, d’ocre ou de jaune. On aurait eu envie de s’y poser, quelques jours de plus, juste pour regarder le monde ralentir.

Nous avons passé une semaine sur les îles Lofoten, entre plages de sable blanc et eaux turquoise qui n’avaient rien à envier aux Caraïbes — sauf peut-être la température.
🏠 Conseils pour se loger aux Lofoten : Pour être proche des départs d’excursions en mer, optez pour un hébergement à Svolvær. Si vous préférez un point central pour rayonner dans l’archipel, visez plutôt Leknes, bien situé pour explorer Lofoten en voiture. Pour une immersion authentique, séjourner dans un rorbu à Nusfjord ou à Hamnøy est idéal : villages préservés, hébergements typiques sur l’eau, et cadres photogéniques remarquables.️ |
Nous avons fait du kayak à minuit, sans lampe frontale, simplement guidés par la lumière persistante du soleil rasant l'horizon. C’était surréaliste : pagayer sur une mer d’huile, dans un silence quasi absolu, entourés de montagnes aux cimes encore enneigées. Un moment hors du temps.


👉 À savoir : Les excursions en kayak sont faciles à réserver sur place, notamment à Reine ou Svolvær, ou sur l'application GetYourGuide. Pensez à réserver à l’avance en haute saison (fin juin-juillet) et habillez-vous chaudement si vous réserver l'excursion de minuit, même si le ciel est clair. |
Nous avons aussi randonné jusqu’aux sommets emblématiques des Lofoten. Reinebringen, avec ses marches raides taillées dans la pierre, nous a offert une vue spectaculaire sur le village de Reine, ses bras de mer turquoise et ses îlots éparpillés comme des confettis dans le fjord. On est restés là-haut, le souffle coupé par l’effort, mais surtout par la beauté du panorama.

Quelques jours plus tard, nous avons grimpé jusqu’à Ryten, un sommet plus doux mais tout aussi impressionnant, qui surplombe la plage de Kvalvika. Là-haut, les falaises plongent à pic dans l’océan, et les vagues viennent se jeter sur le sable doré, au pied des montagnes en contrebas. On a pique-niqué face à la plage, admirant les quelques courageux qui s'aventuraient dans l'eau froide.


Puis il y a eu des balades plus tranquilles, mais non moins belles. Comme la boucle d'Uttakleivveien, le sentier côtier entre les plages de Haukland et d’Uttakleiv, que l’on peut suivre en longeant la mer d’un côté ou en traversant la colline de l’autre. L’endroit est paisible, les vagues se posent sur les galets, et des moutons dorment à l’ombre des rochers. En arrivant à Uttakleiv, on observe quelques fermes agricoles encore actives dans un cade idyllique en bord de plage.


La dernière balade que nous avons fait est la boucle d'Urevatnet au départ du village d'Ure, un peu plus intime, autour d’un petit lac d’altitude cerné de pics. On a marché dans un silence presque total, juste interrompu par le bruissement des herbes et quelques bêlements de moutons. Un chemin discret, avec de belles vues sur la côte parsemée d'îles de chaque côté, idéal pour une fin d’après-midi.


Après l’effort, on retrouvait toujours le bord de mer. On installait le barbecue face à la mer, enveloppés dans nos polaires, un verre à la main. Le ciel restait pâle, indécis. Durant la soirée, nous observions les pêcheurs qui regagnaient lentement le port, leurs coques glissant sur l’eau plate, et qui s’affairaient en silence à la découpe de leurs prises sur les étals improvisés. Et parfois, dans cette lumière figée, un groupe de marsouins surgissait à la surface, comme pour nous saluer.

Traversée mouvementée entre l'île d'Andøya et Senja
Après une dernière nuit aux Lofoten, nous avons repris la route, quittant doucement les paysages de cartes postales pour remonter vers le nord. Plutôt que de revenir sur nos pas, nous avons choisi de traverser l’île d’Andøya, longue et sauvage, bordée de falaises battues par les vents et de plages désertes. La route longeait l’océan presque tout du long.
À Andenes, nous avons embarqué sur le ferry en direction de Gryllefjord, la porte d’entrée ouest de Senja. Ce jour-là, la mer était exceptionnellement agitée. Le bateau tanguait fort, les creux étaient profonds, et on sentait l’Atlantique dans toute sa puissance. On s’est tenus au bastingage, un peu blêmes mais fascinés. C’était un passage mouvementé, comme un seuil à franchir avant d’aborder la douceur brute de Senja.
🛳️ Conseil traversée en ferry : Andenes – Gryllefjord Il n'y a pas de réservation possible, arrivez donc 1 à 2h en avance : en haute saison (juin-juillet-août), le ferry peut afficher complet, en particulier pour les passagers avec voiture. |
Senja : l’île sauvage
La deuxième semaine, nous l’avons passée à Senja, moins connue que les Lofoten mais tout aussi spectaculaire. Plus brute, plus silencieuse, plus secrète. J’avais envie de leur faire découvrir ce coin que j’adore, où les touristes sont encore rares et la nature presque intacte.


Arrêt à la plateforme panoramique de Bergsbotn, suspendue au-dessus du fjord
On a pris notre temps. Chaque matin, on choisissait un sentier, une crique, un fjord. La randonnée jusqu’au sommet Hesten et ses panoramas à couper le souffle sur Segla et les fjords de part et d'autre restera notre plus beau souvenir.



🧭 Conseil de terrain : Pour randonner sur l'île de Senja, il est préférable de se baser à Mefjordvær ou Hamn i Senja, deux villages charmants et bien situés. Les sentiers sont bien balisés et tous répertoriés sur l'application AllTrails, mais prévoyez de bonnes chaussures et vérifiez la météo – le brouillard peut monter vite. |

Village de Mefjordvaer où nous avons logé
Un matin, nous avons roulé jusqu’à Bøstranda, une plage isolée au sable pâle, nichée entre deux caps. Il n’y avait presque personne, à part le vent et les algues roulées sur le rivage. Le soleil rasant faisait briller chaque détail — le grain du sable, le dos des rochers, les fines herbes qui frémissaient dans les dunes.


Sur la route, il y a eu ces haltes improvisées qui font la magie des voyages lents. Comme cette pause à Ersfjord, au bord de l’eau, face aux montagnes qui encadrent le fjord comme deux remparts. Tout au bout, des falaises rocheuses en forme de dents semblaient surgir de la mer, noires et majestueuses.

Le soir, on se retrouvait autour d’un bon dîner, attendant un crépuscule qui n’arrivait jamais… Et cette sensation étrange mais réconfortante que la nuit ne viendrait pas. Qu’on avait encore le temps.
Un séjour mémorable sous le soleil de minuit en Norvège
Ce voyage, au-delà des paysages, m’a surtout offert des moments précieux en famille. J’ai aimé leur montrer mon quotidien ici, leur faire goûter au silence polaire, à la lumière qui ne s’éteint jamais, à cette lenteur qui fait du bien. Ils sont repartis avec des cernes de clarté et des sourires au goût de sel. Et moi, je suis restée, le cœur un peu plus plein, car ces deux semaines sous le soleil immobile resteront comme un murmure précieux. Un récit d’été à chérir, lorsque reviendront les longues nuits d'hiver.
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