top of page

Volontariat pour la protection des tortues marines au Costa Rica

Dernière mise à jour : il y a 2 jours

Volontariat pour la protection des tortues marines au Costa Rica

Avant de quitter le Costa Rica, j’ai senti qu’il me manquait encore quelque chose. Une expérience plus profonde, plus engagée. J’ai donc décidé de prolonger un peu mon séjour pour participer à une mission qui me tenait particulièrement à cœur : la protection des tortues marines.


Pendant quelques mois, j’ai travaillé bénévolement dans une station de conservation nichée sur la côte caraïbe nord, à quelques kilomètres seulement du parc national Tortuguero. Un lieu reculé, entre jungle et océan, où le temps semblait suspendu, rythmé par les marées, les patrouilles nocturnes… et les miracles que la nature offre à ceux qui savent attendre.



Le début de l’aventure : rencontre avec un lieu engagé


Le centre Estación Las Tortugas


Le centre Estación Las Tortugas est un projet de protection des tortues marines, principalement dédié à la conservation de la tortue luth, une espèce en danger critique d’extinction. Il lutte activement contre le braconnage illégal et œuvre à la préservation de cette espèce, tant au niveau national qu’international.


estacion de tortugas 10

Au-delà de la protection des nids, le centre a pour mission de préserver l’écosystème des tortues tout en sensibilisant les communautés locales et les visiteurs. Pour cela, il développe un programme éducatif ambitieux, porté notamment par le centre d’interprétation “Las Siete Quillas”, un espace dédié à l’éducation à l’environnement et à la diffusion des savoirs liés aux tortues marines.



Plongée dans la jungle : premiers pas vers le camp


Pour atteindre la station de tortues, je prends un bus depuis San Jose jusqu'à' au petit village de Batan puis je grimpe dans un taxi qui me conduit jusqu'au bord d'une rivière. Stanley, le directeur de la station et son frère Juanba m'attendent à bord d'une lancha, un petit bateau local. J'embarque à bord tout en faisant leur connaissance et nous naviguons une demi-heure au cœur d'une forêt tropicale luxuriante. J'entends les cris des singes-hurleurs qui retentissent dans la canopée et je surprends le regard d'un crocodile guettant à la surface de l'eau.




Découverte du campement et rencontre avec l'équipe


Arrivés à la station de tortues, je débarque mes deux sacs à dos et mes sacs de vivres qui me permettront de tenir durant un mois sur le camp. En face du ponton à l'entrée du camp, un énorme crocodile se dore la pilule, la bouche grande ouverte. J'apprendrai plus tard qu'il se nomme Tosty et qu'il est toujours fidèle au poste.


Entrée station Estaction las tortugas
L'entrée de la station

Monica, la biologiste du centre, est venue à ma rencontre. Elle m’a accueillie avec un grand sourire, les bras ouverts, comme si elle m’attendait depuis des jours. Il y avait dans ses yeux la fatigue des nuits de veille et la passion de ceux qui croient vraiment en ce qu’ils font. Puis Stanley, le directeur du centre, est sorti d’un petit bureau en bois. Grand, calme, impressionnant par sa prestance discrète, il m’a saluée d’une poignée de main ferme. J’étais tout de suite à l’aise.


Sur le camp, je découvre le reste de l'équipe dans laquelle je vais m'intégrer : les guardes qui surveillent le vivier la nuit et les investigateurs qui étudient les tortues. Je suis la seule étrangère, tous les autres sont des locaux... mon espagnol me sauve la mise sur ce coup là !


Volontaires centre tortues costa rica
Les volontaires et travailleurs de la station

Le camp était un petit monde à part, autosuffisant et d'allure très sommaire. Il y avait plusieurs dortoirs dans lesquels étaient disposés des lits dont les matelas étaient creusés par l'usure et ornés par des moustiquaires trouées. Il n'y avait pas d’électricité, sauf quand le générateur voulait bien fonctionner. On lavait notre linge à la main, dans des bassines en plastique posées sur le sol en terre battue. L’odeur du savon se mêlait à celle des feuilles humides. Mes vêtements ne séchaient jamais vraiment. La cuisine était ouverte sur la jungle et on mangeait dehors en écoutant les geckos grimper aux poutres et les grenouilles chanter au crépuscule.


Estacion las Tortugas campement
Le campement
Logement centre protection tortues marines au Costa Rica
Mon lit

J’étais la seule étrangère au début. Les autres étaient tous des travailleurs costaricains : discrets, efficaces, et soudés. Il m’a fallu du temps pour comprendre leur rythme, leur humour et leur argot. Mais ils m’ont intégrée sans chichi, me montrant les gestes, partageant leurs matés glacés pendant les pauses. Et puis un jour, une autre volontaire est arrivée. Elle était néerlandaise, apportant avec elle un air de complicité féminine et des discussions en anglais sous les cocotiers.



Les tortues marines


La tortue luth : géante fragile des Caraïbes


La majorité des tortues qui viennent pondre sur la plage de Mondonguillo sont des tortues luth, une espèce aussi impressionnante que menacée. C’est la plus grande tortue marine au monde, et la seule à ne pas avoir de carapace rigide : son dos est recouvert d’une épaisse peau noire légèrement huileuse, marquée de sept crêtes longitudinales, d’où son surnom en espagnol de siete quillas — « les sept carènes ».


Les femelles que nous observons sur cette plage mesurent généralement entre 1,40 m et 1,80 m de long, et peuvent peser jusqu’à 500 kg. Leur taille, leur force et leur lenteur majestueuse imposent un respect instinctif. Les mâles, quant à eux, passent toute leur vie en mer et ne reviennent jamais sur terre une fois sortis de leur nid à la naissance ; certains spécimens adultes atteignent jusqu’à 2 mètres de long.


Sur la côte caribéenne du Costa Rica, la saison de ponte des tortues luth s’étend de mars à juillet. Pendant ces quelques mois, les femelles reviennent parfois plusieurs fois sur la même plage pour pondre, à raison de 4 à 10 nids par saison, chacun contenant entre 70 et 100 œufs. Elles privilégient les plages isolées, bordées de végétation, loin des lumières artificielles, où elles peuvent creuser leur nid en sécurité.


Ces tortues parcourent des milliers de kilomètres à travers l’océan Atlantique pour revenir pondre là où elles sont nées, souvent sur la même portion de plage. Ce phénomène, appelé philotropie, est encore en partie mystérieux, mais souligne à quel point leur lien avec cet espace est vital — et pourquoi sa protection est essentielle.


Tortue luth costa rica


Pourquoi protéger les tortues marines ? Une urgence invisible


Avant de venir au Costa Rica, je savais que les tortues marines étaient en danger. Mais ce n’est qu’en vivant au cœur de leur environnement que j’ai compris l’ampleur du problème — et sa discrétion. Car leur disparition ne fait pas de bruit. Juste un silence progressif. Un nid vidé par des braconniers. Une plage éclairée artificiellement, qui désoriente les nouveau-nés. Un filet de pêche mal placé. Un sac plastique dérivant, confondu avec une méduse et avalé par erreur.


La tortue luth, en particulier, est classée en danger critique d’extinction dans certaines régions du globe. Et pourtant, elle joue un rôle essentiel dans l’équilibre des océans. Sa simple présence est un indicateur de bonne santé de l’écosystème marin.


Mais elle ne peut pas se défendre seule. Elle revient sur nos plages, fidèlement, avec une régularité ancestrale… et s’expose, sans méfiance. La moindre perturbation — humaine, lumineuse, sonore — peut compromettre sa reproduction. Chaque œuf compte. Chaque patrouille de nuit est une forme de résistance silencieuse. Et chaque tortue protégée est une victoire.


Protéger les tortues, c’est protéger bien plus que des créatures majestueuses. C’est défendre un équilibre fragile, discret, mais vital. Une urgence invisible, qui mérite toute notre attention.



Mon expérience de volontariat avec les tortues au Costa Rica


Le travail au centre reposait sur une approche très concrète : de la conservation de terrain combinée à une recherche rigoureuse fondée sur l’observation et la collecte de données. Chaque nuit, entre la mi-mars et la mi-juillet, nous patrouillions sur la plage pour repérer les traces de ponte, recueillir des données biométriques sur les tortues, et déplacer les nids vulnérables dans un enclos protégé.


Malheureusement, le braconnage n’est pas qu’un souvenir lointain : il arrivait encore que des œufs disparaissent, arrachés au sable par des mains invisibles. Alors, chaque nuit, notre présence devenait un rempart silencieux contre ce commerce illégal.


Volontariat dans un centre de tortues costa rica


Les patrouilles nocturnes


La nuit tombée, c’était une autre vie qui commençait. Chaque soir, nous partions en patrouille sur la plage, par petits groupes. Frontales éteintes, pieds nus dans le sable encore tiède du jour, nous marchions des kilomètres à la recherche de traces. L’air était lourd, saturé de sons : les vagues qui roulaient sans fin, les insectes qui stridulaient, les singes hurleurs parfois, qui lançaient leurs cris rauques depuis les arbres en arrière-plan.


Patrouilles nocturnes volontariat tortues costa rica

Et puis, parfois, un miracle surgissait de la nuit. Une silhouette massive émergeait lentement de l’eau : une tortue luth, géante, majestueuse. Sa carapace luisait sous la lune, et derrière elle, elle laissait d’immenses traces dans le sable humide, si nettes qu’on pouvait la repérer de loin, même dans l’obscurité.


Elle rampait avec effort jusqu’aux dunes, se propulsant lentement à l’aide de ses nageoires avant de s’immobiliser longuement. Là, elle sondait le sol, choisissait minutieusement l’endroit idéal, puis commençait à creuser un nid profond avec ses nageoires arrières. Pendant près d’une heure, elle déposait un à un une centaine d’œufs, enfouis dans la chaleur du sable.


Lorsque cela se produisait, notre rôle consistait à intervenir discrètement pour récupérer tous les œufs. Nous suivions des protocoles très précis pour ne pas les abîmer, les manipuler avec douceur, puis les acheminer sans tarder jusqu’au campement. Là, nous les enterrions à nouveau, à la même profondeur, dans un enclos de protection – le vivero – une zone clôturée et surveillée en permanence, pour maximiser leurs chances d’éclosion à l’abri des prédateurs et du braconnage.



Avant qu’elle ne reparte, nous identifiions la femelle en lui posant une étiquette discrète sur la nageoire avant. Ce marquage permettait d’assurer un suivi dans le cadre d’études scientifiques à long terme, menées à l’échelle nationale et internationale, afin de mieux comprendre la dynamique des populations de tortues marines.


Une fois sa ponte terminée, la tortue recouvrait soigneusement le nid, lissant le sable avec précision, comme pour effacer toute trace de son passage. Puis elle se tournait lentement vers la mer, repartait avec la même lenteur, et s’enfonçait dans les vagues, disparaissant comme elle était venue, sans bruit.


Je restais là, accroupie, fascinée. Ce rituel ancien avait quelque chose de sacré. Dans ces instants suspendus, on oubliait tout : la fatigue, la chaleur moite, les moustiques, le poids de la nuit. On était simplement là, témoin silencieux, au service de la vie.


Traces de tortues luth Costa Rica
Traces de tortue luth sur la plage

La tournée débutait après le coucher du soleil et s'achevait lorsqu'il n'y avait plus de tortues en vue sur la plage, généralement entre au petit matin. Une autre équipe sortait ensuite à l'aube lors du lever du soleil, afin de récupérer les éventuels nids qui auraient été pondus après notre passage.



Naissances et relâchers : accompagner les premiers pas


Deux mois plus tard, les bébés tortues ont commencé à éclore. Un frémissement à la surface du sable. Puis de minuscules carapaces qui émergent, maladroites et pressées. On installait des cages de protection autour des nids, pour éviter qu’elles ne se fassent dévorer avant même d’avoir vu la mer.


Nous mesurions les nouveau-nés avant de les relâcher, afin de collecter des données sur leur taille et leur vitalité. Tous ces gestes participaient à une mission plus vaste : mieux comprendre les chances de survie des tortues dès leurs premiers pas vers l’océan.



Le moment du relâcher était à chaque fois bouleversant. On les déposait face à l’océan, et elles rampaient vers l’inconnu, instinctives, déterminées. Certaines se perdaient. D’autres fonçaient droit dans les vagues. À chaque fois, je retenais mon souffle.




Transmettre, sensibiliser : l’accueil d’étudiants et de curieux


Avant d'être un centre de protection, c'est avant tout un centre d'éducation environementale. Nous recevons donc régulièrement des groupes de touristes, d'étudiants ou encore des scouts venus du monde entier. Après plusieurs semaines de volontariat, je m'occupais d'accueillir ces groupes, de leur expliquer notre travail et de leur transmettre mes connaissances autour des tortues marines.


Je passais mes matinées les pieds dans le sable, à parler de la migration des tortues, à aborder les dangers de la pollution et à expliquer comment on mesure une carapace ou on identifie un nid. Le tout dans un espagnol improvisé, avec des gestes et des sourires pour combler les trous.


Présentation sur le cycle de vie des tortues marines au Costa Rica

J’ai adoré cette dimension pédagogique. Parler, transmettre, voir les regards s’illuminer quand je montrais une carapace ou une empreinte de tortue dans le sable… C’était concret, vivant, utile.



La vie au camp : entre tâches simples et moments suspendus


Les journées étaient rythmées par des gestes simples. Nettoyage de la plage, entretien des nids, collecte de données. Mais aussi cuisine, vaisselle, tri des déchets, et entretien des espaces communs. Parfois, après le déjeuner, je m’allongeais dans mon hamac et je regardais le ciel défiler au-dessus des feuilles de palmiers. Je lisais, j’écrivais, ou simplement, je ne faisais rien. Et c’était bien.



Je me souviens encore de ma première douche au camp. C’était la nuit, je revenais d’une longue patrouille, les jambes couvertes de sable, moite de sueur et d’air marin. J’ai pris ma lampe frontale, une serviette, et je me suis dirigée vers la douche, ouverte sur la jungle. Au moment d’ouvrir le robinet, j’ai senti quelque chose bouger à mes pieds. J’ai baissé la lumière… et je suis tombée nez à pattes avec un énorme crabe bleu qui me fixait avec ses yeux globuleux. Pas un petit crabe mignon de bord de mer, non. Un de ceux qui font clac clac en traversant le sol, armé de pinces massives et d’une audace à toute épreuve. Il s’était glissé là, probablement attiré par l’humidité. J’ai hurlé, il a couru. Moi aussi.


Ce genre de rencontre n’était pas rare. Il m’est même arrivé de retrouver un de ces crabes intrépides tranquillement installé sur mon lit, en train de grimper le long de la moustiquaire comme s’il s’agissait de son territoire. Au fil du temps, j’ai appris à partager mon espace avec eux. À tapoter doucement le bois avant d’entrer, à vérifier les coins sombres… et à garder mes sandales à portée de main, au cas où un invité surprise déciderait de passer la nuit avec moi.



Ce que j’ai appris


Ce volontariat m'a appris à vivre simplement. À me passer du superflu. À savourer un bol de riz et de haricot, une douche froide, une soirée sans moustique. À m’endormir au son de la mer, et à me réveiller avec les cris d’oiseaux tropicaux. À créer des liens avec des gens si différents de moi, mais unis par une même mission. J’ai découvert ce que veut dire vivre avec les éléments : la pluie, la chaleur, la lune, les marées.


Mais surtout, j’ai compris l’importance de l’engagement écologique qui n’était pas une idée abstraite, mais un choix quotidien, concret, parfois inconfortable, toujours nécessaire.



Devenir volontaire pour les tortues : ce qu’il faut savoir


Coût et durée


Le volontariat est gratuit à condition de rester au minimum un mois. Ils proposent également des formules payantes pour les voyageurs qui souhaitent rester une semaine ou deux.



Logement et nourriture


En échange du travail fourni, les volontaires bénéficient gratuitement du logement et de trois repas par jour. Les dortoirs sont non-mixtes et accueillent 3 à 4 personnes, avec une salle de bain par dortoir.


Les repas sont servis par les cuisinières de la station, à des heures précises de la journée.


Cuisines centre tortue Costa Rica


Contacter le centre


📍Playa Mondonguillo, Matina (Limón), Costa Rica

Instagram : @estacionlastortugas

Comments


Instagram

De la passagère à celle qui reste - ma redéfinition du voyage
DERNIER

article

DERNIÈRE

vidéo

Noix de coco
scotch
  • Gris Icône Instagram
  • Gris Facebook Icône
  • Gris Icône YouTube
  • Gris LinkedIn Icône
Logo Bianca Vagabonde blanc

Rejoins plus de 2000 autres lecteurs et reçois toutes mes astuces en voyage !

Copyright © 2025 - Bianca Vagabonde. Tous droits réservés.

bottom of page